LE VIGNOBLE
Propriété familiale sur les coteaux granitiques de Limony.
12 ha Saint Joseph Rouge, cépage Syrah.
3 ha Saint Joseph Blanc , cépage roussanne et Marsanne.
3 ha 50 Condrieu, cépage Viognier Marsanne Syrah.
LA CAVE
LES ROUGES
Vendanges manuelle, egrappé, cuvaison longue en cuves thermorégulées.
LES BLANCS
Pressurage pneumatique. Fermentation à basses températures en cuves et barriques.
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LES VINS
SAINT JOSEPH ROUGE
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Cuvée des Anges
Très vielles vignes, rendement 25 hl/ha, élevage 100% en bariques neuves.
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Cuvée Caroline
Vielles vignes rendement 35 hl/ha, élevage 100% barrique dont 25% neuves.
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Cuvée Rorée
Vignes de 15 ans. Rendement 40 hl/ha, élevage 100% barriques.
SAINT JOSEPH BLANC
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Cuvée Rorée
40% Roussanne, 60% Marsanne, vignes âgées de 20 ans, vinification et élevage 100% barriques.
CONDRIEU
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Pagnus Luminis
Vinification et élevage 100% barriques.
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Coteau de Brèze
Vendanges très mûres, vinification, batonnage et élevage 100% en fûts dont 50% neufs.
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Grains de Camille
Grains passerillés et botrytisés, récoltés tardivement en plusieurs tris ; vinification en barriques.
Vente sur place au caveau sur rendez-vous.
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Les secrets de Limony
Chez les Chèze, dans le hameau de Pangon, sur la commune déjà ardéchoise de Limony, on ne se lasse pas de la beauté fluide des grands espaces qui entourent la ferme, on communie en douceur avec la quiétude qui y règne. Louis Chèze observe, écoute, se cherche une contenance, pas exactement à l'aise dans la représentation, ou les grands discours. Lui, il est homme de terre, paysan, dont la vie s'est imbriquée à ses vignes, à ses vins, et tout le reste, il s'en tient à distance. D'instinct. Ses mots à lui, sa vision du monde, elle commence là, à l'orée du plateau qui court vers le mont Pilat. A deux pas du hameau, on surplombe les brumes du Rhône et, par temps clair, on peut deviner la vague des Alpes. Pangon est un poste-frontière, une ligne de fuite où Louis Chèze s'est arc-bouté.
L'histoire a débuté il y a des lunes, vers la fin des années soixante-dix, cette période où il succéda à son père, l'un des fondateurs de la cave coopérative du cru. Lui voulait voler de ses propres ailes, façonner à sa main un vignoble et des vins singuliers. Ce ne fut pas si facile. En ces temps-là, délaisser la coopé était perçu comme une trahison, ou un acte d'orgueil. Mais Louis Chèze, subjugué par quelques stages en Bourgogne ou par sa rencontre avec Georges Vernay, avait des convictions, et quelques intuitions chevillées au corps. " Je sentais que nous avions un vrai potentiel sur ces coteaux, et je voulais vérifier " dit-il simplement, d'une voix ferme. Dès 1983, il met toute sa production en bouteille, et dessine parcelle après parcelle la mosaïque de ses vignes. C'était bien là, il le savait d'emblée, qu'il pouvait échouer, ou végéter. Alors, il a tourné le dos à tout ce qui aurait pu le distraire et s'est immergé dans ce terroir un peu oublié, ou assoupi. Le sol, l'exposition, les vents, les cépages, il les a patiemment observé, peu à peu apprivoisé. Et quand il s'est mis à défricher ces coteaux puis à planter, on l'a pris pour un fêlé. Mais c'est bien dans ce terroir qu'il navigue aujourd'hui avec une sorte de grâce, là qu'il se sent en confiance, en paix avec lui-même.
Ce matin, la Mitsubishi se joue des chemins de terre et des ornières, frôle les rangs de vigne au repos, s'enfouit dans des écrans de branchages qui griffent le pare-brise et vient échouer au cœur du vignoble, sur un promontoire au panorama renversant. On est sur la colline de Montrond, le brouillard qui enveloppe le Rhône flotte encore sous nos pieds, et les rangées de syrah jaillissent en noir dans les éclats de vieux granit. Voilà le trésor secret de Louis Chèze, voilà son Taj Mahal. Une vigne suspendue entre deux mondes et profondément arrimée à la terre de ses ancêtres. Il croise les bras, sans rien dire, et contemple, regard lointain.
Oui, aujourd'hui, il a partiellement réalisé ses rêves et ses dernières cuvées de Condrieu, ou plus encore de Saint-Joseph (cuvée prestige de Caroline, le prénom de sa fille, ou cuvée des Anges, côté rouges, entre autres) sont prodiges d'équilibre, d'élégance, de structure. Mais il reste prudent, et lucide. Avant 1990, il avoue avec franchise avoir tâtonné, et même un peu flotté, et c'est bien l'ouverture aux autres, le dialogue avec quelques doux dingues de sa trempe, qui lui ont permis de franchir le cap et de se hisser vers les sommets. Rhône Vignobles, une fois encore, a servi de révélateur, d'aiguillon. Il était un peu replié sur son nid d'aigle, vaguement isolé dans le défi qu'il s'était lancé à lui-même. Il a découvert d'autres vignerons exaltés, d'autres mystiques eux-aussi sous l'emprise de leur passion. Dès le premier jour, il y a plus de dix ans, il a eu cette certitude : il ne serait plus jamais seul...
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